VOYAGE MONGOLIE 2010

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lundi 8 novembre 2010

07- AU KAZAKHSTAN


Dimanche 1 Aout

     Une journée bien « cool », sans rouler et consacrée à d'une part préparer l'itinéraire des deux mille prochains km à travers ce Kazakhstan et d'autre part visiter un peu cette ville.

     Ayant bénéficié durant vingt quatre heures de la connexion Wifi d'un grand hôtel où l'hôtesse d'accueil m'a donné sans problème le code d'accès, j'ai pu enfin mettre le blog à jour et gérer ma boite mail tranquillement depuis le Camping-car.

      La ville dans un premier temps ne m'a pas du tout donné envie d'y rester. Du coté hôtel par lequel j'étais arrivé, je n'ai trouvé que de très grosses artères, tirées au cordeau et parsemées de gros immeubles le plus souvent assez neufs 


mais d'un architecture cubiques sans que rien n'attire vraiment l'œil. A mon sens, pas d'invention dans la décoration. Le tout se veut fonctionnel mais sans que je m'y sente vraiment bien. Désireux  d'en avoir le cœur net, avec le plan google-road téléchargé et rentré dans le GPS, je pars а la conquête des plus grosses artères. Le tour en vite fait et sans grand intérêt, sinon peut-être la gare. 


     Mais je n'ai pas rencontré ces grands immeubles tels de mini gratte-ciel tellement visibles à l'approche de la ville.








C'est en approchant d'Ichim, cette grosse rivière qui partage Astana que l'on rentre dans le « nouveau centre ». Là, plus rien а voir d'avec la partie nord de l'agglomération. Tout y est neuf, immense et un tant soit peu futuriste. Du gigantisme et du tape à l'œil ont été mes premières réflexions. Puis, en s'y promenant, l'œil s'aiguise et des perspectives plaisantes naissent. J'ai finalement bien aimé. Du coup le déménagement du petit parking tranquille qui m'a hébergé la nuit dernière a été décrété pour venir m'installer sur cette autre rive du fleuve.

     J'ai jeté mon dévolu sur un superbe espace vert, planté au plein centre de ce nouveau quartier. Y ont été bâtis un gros centre sportif incluant stade, gymnase et tennis. A ces côté un véritable petit bois a été planté. Il  abrite nombre d'attractions foraines, jeux pour enfants et petites échoppes de restauration... Des centaines de familles s'y promènent alors que les gros immeubles et petits gratte-ciel alentours profilent sur le ciel leurs formes avant-gardistes, bientôt redessinées par des éclairages empêchant qu'ils ne se perdent dans la nuit.  

Lundi 2 Aout

     Faux départ. Sorti de ville, alors que les concessionnaires viennent d'être côte а côte, petite vibration comme si la route apparemment très bonne, était tout de même profilée en mini vaguelettes. Les routes offrant toutes sortes de profil, pas d'inquiétude! Puis un claquement régulier synchronisé avec la rotation des roues provient de l'arrière gauche.

     Arrêt immédiat et inspection vite faite: la roue arrière gauche ne possède plus que deux goujons de fixation sur six, les quatre autres sont sectionnés! Cric, revissage des deux rescapés et demi tour au pas. Un Peugeot avait attiré mon attention ! Pourquoi pas lui...

     Ne le voyant pas arriver, je fais au plus prêt et vois affiché Suzuki. Stop et début d'explications avec une hôtesse charmante qui appel aussitôt une collègue légèrement anglophone. La vision de la roue est suffisamment explicite. Chef de garage et rendez vous pour quinze heures. Ce sera fini pour dix huit. Il est onze heures et je n'en reviens pas...Le temps d'un petit resto et les travaux débutent.Petit retard pour cause de surcharge dans l'atelier. A dix neuf heures sortie du garage avec des goujons tout neuf.

     Ce sera une nuit de plus à Astana. En attendant ayant repéré un café en face du garage, j'y commande une bonne soupe et une grande bière car il fait chaud. Sortant de table, une partie du personnel et quelques clients attendent prés de la voiture ! Encore des visiteurs?... mais non, ils m'expliquent qu'après avoir bu de l'alcool, il ne faut pas prendre le volant et que la  police est intransigeante. Ils m'invitent donc а rester sur place pour y passer la nuit à côté de chez eux.
...moi qui croyais être anonyme parmi les clients... 

Mardi 3 Aout

     Premiers tours de roue pour peut-être Aral?

     Route en travaux et galère habituelle avec alternance de portions superbes et de piste améliorée avec son lot de poussière et de trous а éviter. Je suis heureux de voir arriver la petite route signalée sur toute mes cartes et qui doit raccourcir le trajet de prés de deux cents kms. La route est en bon état et je me réjoui des travaux ainsi évités.

     Cent km de macadam puis la deuxième moitié sera bonne piste. Parcours au beau milieu de la steppe sauvage avec un couchant rougeoyant le jaune paille de l'ensemble. Impressionnant et grandiose. Une petite proéminence dominant un lac bleu perdu dans l'ensemble me force au bivouac!   

Mercredi 4 Aout

     Quelques km après mon bivouac, la piste m'engage sur une petite digue retenant les eaux du lac bleu deviné hier depuis le campement.

     A la sortie de ce petit barrage, se dresse une roulotte comme en utilise nombre d'ouvriers agricoles travaillant à plusieurs heures de leur ferme. Celle ci est peinte de fraiche date et contraste terriblement avec toutes celles rouillées déjà rencontrées.

     A mon approche, deux hommes en uniforme en sortent et me font signe de m'arrêter: je suis en train de pénétrer dans un parc naturel ou nombres d'espèces d'oiseau profitent des multiples lacs présents. L'accès de la zone est interdit, je n'ai d'autre solution que de faire marche arrière!

     Le coup est dur pour le moral, mais une fois les premières minutes du demi tour effectuées, tout rentre dans l'ordre. Entêté à ne pas remonter trop au nord, j'arrive tant bien que mal à reprendre ma direction ouest par des traces pas toujours évidentes à travers la steppe assez vallonnée en cet endroit.




     Après une heures d'hésitations et de questionnement, une belle poussière visible à quelques km devant moi retombe et me laisse entrevoir un camion maintenant arrêté. Le chauffeur m'ayant repéré attend mon arrivée pour me remettre sur le droit chemin, celui d'où lui même arrive. A trente km se trouve un village ou je dois trouver du carburant.

     La piste se fait de plus en plus roulante et le village est là, au bord d'une jolie rivière. A la station, plus de gas-oil! Le temps de la réflexion, je me pose au bord de l'eau et fini la matinée tranquille dans ce décors, en nettoyant linge et véhicule.

     Reprise de la route-piste qui doit me faire retomber à Arqualyq, petite ville posé au premier tiers du parcours Astana - Aral en presque ligne directe. Sans erreur de parcours, je devrais avoir une autonomie suffisante...mais...

     Heureusement, je trouve à me ravitailler en carburant non loin du village, auprès d'une grosse ferme style kolkhoze, ou je me suis arrêté pour demander ma route. La piste est là, c'est toujours tout droit m'affirme les agriculteurs! Affirmation pas toujours exacte à mon sens et c'est assez impressionné que je vais être amené, après une heure et demie sans entrevoir âme qui vive, à traverser perdus en pleine steppe, trois villages fantômes tout droit sortis d'un imaginaire bombardement, alors qu'au centre du second, une imposante et toujours intacte statue de Lénine s'érige en protecteur.

     A quelques cinquante km d'Arqualyq la ville visée, je vais encore profiter de cette ambiance grandiose, insoupçonnée depuis la grande route. Rien d'autre que la steppe à perte de vue...














...et ce soleil qui une fois encore bien avant son départ sous l'horizon, met le feu à cet espace qui hormis quelques petits monticules surgis par-ci, par-là ne semble s'arrêter qu'à l'infini.


Il faut y passer la nuit!


Jeudi 5 Aout


     Encore cinquante km et le goudron sera retrouvé. Plus de poussière, mais des trous et enfoncements obligeant а une allure plus lente que sur la piste.

     Dix heures trente, il fait déjà chaud, aux alentours des trente degrés et Baï Bolat, est là, planté sur le bord de la route cherchant un moyen de transport parmi les rares véhicules à se présenter. Il va précisément à Arqualyq dont il est résident.

     Bien sur, ne pouvant compulser mon dictionnaire Russe, la conversation est plus que limité. Mais mon passager, petit gros cheveux gris coiffés mi brosse mi coupe raz, n'a pas de mal à se faire comprendre. Je suis invité à passer boire, manger et me laver chez lui. Quelques coups de téléphone plus tard nous débarquons dans un de ces sordides ensembles d'immeubles Staliniens pour pénétrer dans un petit appartement très simple composé de trois pièces dont une minuscule cuisine ou peu de temps plus tard je suis invité à boire et manger en sa compagnie. Sa femme est au travail ainsi que son fils que nous avons du reste croisé sur la route sans qu'il ai pu bien entendu reconnaître son père lui faisant de grands signe depuis ce véhicule étrange et étranger.

Repas terminé, je suis invité à passer un pantalon et des chaussettes. Je comprend ne pas avoir beaucoup de temps et reste non rasé d'une barbe de deux jours! Lui même se met sur son 31!
Allons nous à la mosquée? ...pourquoi pas!

     A un km de chez  Baп Bolat, une petite maison dans une cour fermée, ou tout à l'heure, au passage, il a récupéré sa voiture. Quatre ou cinq femmes, à l'extérieur, s'activent autour d'un samovar.

     Salutations d'usage et nous pénétrons dans la maison où après la traversée de deux pièces nues,

















au centre d'un rectangle de coussins, est dressée une très longue table basse.
Invité а prendre place, déjà plusieurs personnes se penchent sur ma carte. Chacun y va de ses conseils dont je retiens surtout de faire provision de carburant. La route semble plus que médiocre.

     Petit à petit la pièce se rempli et c'est bientôt une vingtaine de convives qui partagent les trois énormes plat de mouton qui viennent d'arriver. Photos, plaisanteries avec celles qui veulent « visiter »  et que je menace d'emmener en France.

     Le mouton terminé,  petite digestion  autour du camping-car avec essentiellement les hommes. Invité  à revenir dans la maisonnette, c'est maintenant le moment du thé. La table est surchargée de beignets, fruits coupés en rondelles, fruits secs et bonbons, aussi quelques confitures.

     C'est maintenant au tour de ces dames de venir admirer et se faire photographier dans le château à roulettes. La table desservie, je suis invité à imiter ceux, dont mon hôte, qui  profitent des coussins de la maison  pour une bonne digestion.

     C'est maintenant, dans l'appartement de mon hôte, que je vous prépare ces quelques lignes avant qu'il ne me conduise chez son beau-frère, heureux détenteur d'internet, pour l'expédition.
La nuit est prévue dans l'enceinte de la petite maison.

Vendredi 6 Aout

     Petit déjeuner avec Baï Bolat et sa belle fille chez qui était parqué le camping-car. Auparavant, je me suis levé de bon heure pour faire quelques révisions mécaniques à la fixation de la cellule qui me fait un peu souci depuis la sortie de Mongolie. Ayant constaté hier son recul de plusieurs centimètres, je veux profiter de la fraicheur matinale pour les travaux. Quitte à avoir le bleu sur le dos, autant en profiter pour sortir les roues 4x4 et les remplacer par des routes, les pistes étant théoriquement terminées!

     Les pleins sont fait chez une cousine pompiste et cette fois, on ne néglige pas les trois bidons de réserve...c'est meilleur pour le moral lorsque la station sur laquelle on compte s'avère à sec.
Petit détour par le domicile de la pompiste pour reverser sur son ordinateur les photos de ces vingt quatre dernières heures.

     Puis un voisin à qui je suis présenté saute dans sa voiture pour me servir de guide dans la sortie de ville.
Derniers au-revoir et c'est avec un petit coup de cafard que je reprend ma route pour Torgay et ensuite Yrguize deux grosses bourgades sur la route d'Aral.
Les discussions routières d'hier avec ma famille d'accueil plus les petits problèmes de cellule m'ont convaincu d'abandonner l'idée pour cette année d'aller plus au sud vers cette mer « martyre », que je me promets bien d'aller voir un jour.

     Avec la cellule bien recalée à sa place et une route parfaite, c'est le vrai bonheur. La température des jours passés mute de plus en plus vers ce qui chez nous serait qualifié de canicule. Le mercure se tient régulièrement au dessus de la barre ds 35° sans toute fois dépasser les 37 ou 38. Dans un climat très sec cette chaleur n'est pas ressentie comme importante. Nous sommes au mois d'août dans un pays où les températures dans certaines régions peuvent avoisiner les 50 voir 60°! Je ne suis manifestement pas au bon endroit au bon moment! Mais cette petite improvisation d'itinéraire ne m'a pas laissé le choix, il fallait tenter de sauter sur l'occasion.

     A mi parcours pour Torgay, la route sa dégrade sans pour autant que ce soit trop gênant pour la conduite.

     Ce léger ralentissement permet de mieux ressentir ce pincement présent au niveau de l'estomac lorsque l'on essaye d'imaginer l'existence de ces gens perdus dans de mini villages, dont très souvent une partie est en ruine. Autour d'eux, une steppe qui, ici est proche d'un état de désert poussiéreux et gris. Les seuls arbres sont le fruit de plantations, donc disséminés parmi les maisons. En pleine journée, vu la chaleur, pas âme qui vive. Tout semble mort. Les alentours de ces habitats sont le plus souvent décorés par des cadavres d'outils agricole offrant peut-être leurs rares organes encore en état à l'entretient d'un survivant...S'ajoute à cela que la route les évite soigneusement accentuant encore ce sentiment d'isolement et d'abandon.
A Torgay, recherche de la route d'Yrguize. Pas évident lorsque, le macadam cessant en face de vous, ne se dessinent plus que de multiples pistes et traces allant on ne sait où car, le plus souven,t résultant de l'habitude des uns et des autres pour se rendre dans les alentours.

     Finalement, alors que le semblant de route parcourant le hameau m'a déjà fait faire un véritable demi tour une vieille pancarte rouillée qui a du être bleue un jour, me laisse deviner, par ce qui reste de traces de peinture blanche « Aqshyghanaq 76 km». Le cyrillique n'arrangeant rien en de pareils cas, des recherches plus approfondies me font découvrir ce village sur la route que je recherche. Seulement, il n'y a pas de route! Un courageux habitant errant sous le soleil, me confirme la direction.

      Soixante seize km plus loin la piste, bien large et préparée comme pour un futur goudronnage, me jette  sur...plus rien...qu'une vague trace traversant ce qui doit être en période plus humide, un petit lac. Après cinq cents mètre d'essai, je juge préférable d'aller déranger un jeune, occupé à transporter des galettes de bouses de vache séchées en bordure du village. Il va peut-être me renseigner lui, car le GPS n'est pas du tout d'accord avec cette trajectoire. Sa pseudo brouette, constituée d'une caisse en bois sur les côtés de laquelle sont clouées deux roulettes d'un jouet d'enfant, plus d'un bout de branche d'arbre en guise de manche, roule difficilement sur un sol couvert d'une épaisse poussière. L'arrivé du carrosse le surprend comme on l'imagine. Peu sûr de la réponse à donner quant à la suite de mon itinéraire il appelle son père qui me confirme la trace déjà essayée.

     Effectivement six km plus loin un bonne piste bien large me remet sur la trajectoire! Ça ne va pas durer car le terrain devient très sablonneux. Quand je pense que sur la carte tout cela paraissait une bonne route bien évidente.

     La piste traverse le village d' Akshughanak.(N 49°17.242 E 62°42.501). Ce sera suffisant pour aujourd'hui.















     
    
     A peine installé en bordure des premières maisons, je suis invité à me déplacer devant l'entrée de l'une d'elle et à y pénétrer pour diner...je suis chez Ayapderguine, ingénieur mécanicien au chômage,


qui aide le ménage de son fils à gérer un important troupeau de vaches et de chèvres.

Samedi 7 Aout

     Explication détaillée de la piste à suivre. La « route » (partout où passe une auto, ça s'appelle route...) longe au mieux la rivière sur pratiquement tout le parcours. Ainsi j'atteindrai la petite ville d'Irguiz, distante d'environ 150 km. (Plus ou moins 10 pour cent précise mon hôte!)

     Ayapderguine, grimpe à mes côtés dans le 4x4, et me guide jusqu'au petit magasin où je vais m'efforcer comme à chaque fois d'acheter un petit quelque chose. Là, ce sera à boire, car hier les quarante degrés ont été allègrement atteint, sans jamais redescendre en dessous des trente huit et ce depuis le matin neuf ou dix heures. Les nuits sont toute fois fraiches et le sommeil est bon
.
     Après ces achats, encore quelques centaines de mètres pour être bien aiguillé sur la bonne trace et avant les adieux, nous faisons un sort à l'une des deux canettes de bière achetée.
Dix km parcourus et déjà le doute entre trois choix.





     







     La piste n'est de toute façon pas celle de ma vieille carte Russe qui ne me dessine rien sur ma position. L'option « au plus près de la rivière » est adoptée,



 mais pas toujours évidente. Toute la journée sera sur le thème du doute avec une visée GPS sur l'arrivée, sans intermédiaires possibles en imaginant d'après la topographie de la carte le tracé probable de la bonne piste à suivre.



     Il est dix huit heures trente. J'avoue voir avec soulagement se profiler Irguiz. (N 48°37.18 E 61°15.994). Il ne me resterait plus que deux cents km pour atteindre Aral qui n'est de toute façon pas l'arrivée au bord de mer. La journée d'aujourd'hui ma conforté dans la décision déjà prise avant-hier, la mer d'Aral figurera au programme d'un autre voyage. Cent soixante dix km parcourus seulement dans la journée, sous des record de température: minima quarante et un degré, maxima cinquante trois, dehors, à l'ombre du camion au moment du déjeuner. Heureusement les trente huit degré ne sont pas dépassés dans la cellule et le frigo 12v à compression marche à merveille. Lorsque l'on sort du « cocon » du véhicule pour la photo par exemple, il est vrai qu'il fait chaud, mais ce n'est pas du tout intenable. Il faut juste ne pas avoir à faire trop d'efforts.
De plus la cellule à encore repris sa place des mauvais jours. Il va falloir la repositionner et tenter une mini modification, imaginée durant la route de ce jour.

     Avec Robert, en Ukraine, nous avions ceinturé la cellule sur le châssis à l'aide d'une grosse sangle de camion. Après dix mille km de bons et loyaux services, elle s'est rompue voici cinq jours.

     En guise de mer d'Aral, je vais faire trempette dans la rivière Irgiz auprès d'un groupe de jeunes déjà en action. L''un d'eux aura la bonne idée de me faire remarquer que la roue arrière gauche est presque à plat. La série continue...Cette fois, pour avoir la paix, je fais mettre en place la chambre à air en stock dans le véhicule.

     Après çà, l'appel du ventre me fait rechercher le « café-resto » existant sans doute! Question posée à un homme jeune et grand que je croise. En guise de réponse il monte à mes côtés et me guide jusqu'à mon lieu de diner. Conscient de l'avoir sérieusement détourné de son itinéraire, je ne veux le laisser repartir à pied. Il accepte volontiers d'être reconduit chez lui...je ne dinerai pas au restaurant!

Dimanche 8 Aout

     Au petit jour alors qu'il fait frais, je tente à nouveau de faire ré-avancer cette cellule qui recule sur ses fixations de deux à trois centimètres, les trous de passage des quatre boulons de liaison étant très gros. La petite astuce imaginée hier en cours de route est mise en œuvre: simplement glisser une cale dans ces trop gros trous pour empêcher tout mouvement de va et vient de cette cellule qui une fois reculée imprime au véhicule un fort mouvement de tangage à chaque cahot.

     Et bien, ça n'a pas marché...les soixantes premiers kilomètres  me faisant définitivement tourner le dos à la mer d'Aral me le prouvent sans attendre. Heureusement, la route qui doit me mener maintenant plus au nord où un meilleur réseau routier doit exister, est superbe. Si c'est ainsi jusqu'à Aktubinsk, la prochaine ville importante à quelques quatre cents km au NW de Irguiz, ce sera une belle partie de repos.

     C'eut été trop beau! A peine le jeune ouvrier ramassé en stop sur la route vient t-il de succomber aux bras de Morphée que la roue arrière gauche réparée hier, se retrouve à plat en moins de temps qu'il ne le faut pour s'arrêter.

     Pour un fois, j'aurai un second très actif et le changement de roue ne sera pas trop long. Dans le village de mon auto-stoppeur, le réparateur local découvre une chambre à air totalement explosée. Il ne possède pas l'équivalent pour me dépanner.

     J'ai faim et cette cellule me tracasse. Au premier café venu à la sortie de Bogetsaï alors qu'il n'est que six heures trente, j'entre en action avec œufs sur le plat, thé et soupe. Un peu de géographie avec les deux jeunes patronnes du restaurant, ainsi qu'un jeune ouvrier maçon qui délaisse son chantier pour découvrir un peu le monde sur cartes.

     L'Or, jolie petite rivière coulant en bordure du village, me tend les bras pour un sympathique bivouac. Quelques enfants s'y baignent alors que je me lance à désaccoupler cellule et 4x4 pour essayer de diagnostiquer la maladie et y remédier. Le jour permettant le travail jusqu'à presque 22 heures, la cellule à nouveau en place, du moins faut-il l'espérer, est prête à accueillir un bonhomme qui rêve d'une bonne nuit.

Lundi 9 Aout

     Cette fois il y a droit à son bain dans la petite rivière. Et ce n'est pas du luxe. Les couleurs lui reviennent et il reprend une allure de...mais non pas de Gérard...de camping-car!
Premiers tours de roue un peu tendu: c'est bon ou c'est pas bon?
...mais non pas le bain...
la remise en place de la cellule!

     La route est toujours excellente, mais ça semble bien aller. Aktubinsk, petite ville qui semble assez importante toute fois, n'est plus bien loin, un peu plus de cent km.
Urgence, y faire réparer  la roue crevée
 et trouver une nouvelle sangle pour remplacer celle qui a rendu l'âme. Sans sa présence je ne serai pas tranquille.
Après seulement, vous aurez droit à un petit coucou depuis le centre internet hébergé dans l'immense grande surface d'où je vous écris ces dernières lignes au son d'une musique très variée et agréable diffusée sur le parking. Je n'ai pas l'intention d'aller plus loin pour aujourd'hui

     Juste à côté de cette grande surface, un immense espace rectangulaire fleuri et agrémenté de nombreuses petites pelouses est fermé sur ses largeurs, d'un côté  par une superbe mosquée

 et en vis à vis sur l'autre extrémité par une grande église orthodoxe.


     Trois fontaines meublent ce jardin où de nombreuses familles se promènent, profitant de la fraicheur du soir. Deux sorte d'arches, en marbre me semble t-il, séparent en trois cet espace. A la nuit presque tombée, des jeux d'eau et de lumières


accompagnés d'un fond musical permettent de passer un agréable moment assis sur l'un des nombreux bancs ou sur les gradins en regard de la plus grande des fontaines. Un parking éloigné du boulevard bordant cet ensemble mais au contact des premières pelouses offre la garantie d'une nuit parfaitement calme.


Mardi 10 Aout

     J'ouvre un œil et constate la présence d'une clarté rosée pénétrant par les fenêtres. Il est sept heure et quart et le soleil est déjà bien avancé dans son ascension. Voici bien longtemps que je ne m'étais réveillé si tard.

     Il y a un peu d'occupation avant de prendre la route. Deux nouvelles fixations de la galerie de toit sont en train de lâcher et nécessitent d'être recollées. Ensuite installer la nouvelle sangle puis avant les premiers tours de roue, petit tour à l'espace internet voir si Robert a répondu à quelques questions posées hier concernant la technique de fixation de la cellule sur le pick-up.

     Je ne trouve que le mail de mon frère Bernard m'informant qu'il a pu mettre a jour le blog à ma place. En effet pour la deuxième fois dans ce pays, il ne m'est pas possible d'ouvrir le blog?? C'est pourquoi, le texte n'est plus illustré de photos depuis quelques temps.

     A midi seulement tout est prêt pour la nouvelle étape. Ce sera la route filant plein l'ouest depuis Aktubi ce qui permettra de récupérer en Russie la route de l'aller à Saratov. Après Aral, je renonce aussi à Artyrau et Astrakan au nord de la mer Caspienne...

     Sortie de ville sans difficulté, pour une fois! Une petite heure de route pour 35km. La route est un désastre et la frontière Russe est distante de 450km! Le conducteur d'une petite voiture en me doublant me signale un problème...

     ...et bien je vous met au défi de trouver...! Pour une fois j'innove...! La roue réparée hier est à plat...
Rebelote sur le toit pour descendre une roue...etc... Cerise sur le gâteau, deux des goujons neufs changés à Astana ont rendu l'âme vraisemblablement sous l'énergie généreuse des deux petits jeunes réparateurs d'hier! 
Mais me direz vous, n'y a t-il pas une roue de secours plus accessible?

     Bien sur que si! Et même qu'elle est là, toute neuve, accrochée sous le châssis. Le problème est que je ne sais pas comment la sortir de son logement ni même où sont les outils pour ce faire...et apparemment Robert qui fait le mort, non plus! Si quelqu'un a le tuyau, je suis preneur.

     Finissant l'ultime serrage du dernier écrou, quelqu'un m'interpelle en Français. C'est un compatriote travaillant ici pour le pétrole et possédant un gros garage à  Aktubi. Il vient d'arrêter silencieusement son gros 4x4 derrière moi. Présentations et en cas de besoin d'aide, invitation à lui rendre visite. Nous nous quittons et... je n'ai pas pris ses coordonnées!!

     Dans l'immédiat une décision est à prendre, continuer ou faire demi tour. J'hésite tout de même en raison de la route. La raison l'emporte. Hier en cherchant la sangle j'ai repéré un gros réparateur de pneus.



     Le raz-le-bol commençant à pointer le bout de son nez, je me pose la question de l'opportunité de faire le changement de ces deux pneus partis de France et qui posent problème?

     Finalement décision est prise de poser une chambre à air en même temps que les deux goujons sont changés. Au prochain voyage, il y en aura dans la caisse à outils; c'est si simple à faire...!

     Si j'avais eu ses coordonnées?? j'étais décidé à consacré un ou deux jours à régler posément le problème cellule au garage de mon Français. Mais.........c'est ça quand LE neurone fonctionne au ralenti!

     Dix sept heures trente je décide de parcourir aujourd'hui même ce tronçon infecte d'un total de 120 km, m'a dit le Français, pour me lever détendu demain matin sauf si la roue...mais n'anticipons pas! Pour ce soir, ce sera pension dans un café avec espace fermé, annoncé par une pancarte qui chez nous serait interprété comme terrain de camping.(N 50°09.34 E55°41.98)

Mercredi 11 Aout

     Sept heures trente, record battus. Pas de roue dégonflée...prêt pour achever les 23 km restant de mauvaise route, aux dires de l'hôtelier. Pour conjurer le sort, la roue de secours utilisée jusqu'à présent, va rester dans le CC. Un peu encombrante, mais l'escalade sur le toit ça ne m'amuse plus vraiment.
Le ciel est toujours aussi clair et laisse encore présager une chaude journée, bien que depuis la remontée sur Aktubi les records ont terriblement chutés et le thermomètre monte péniblement jusqu'aux 37 ou 38 degrés, restant le plus souvent à côté du 35.

     La détente apportée par une nuit réparatrice est propice à flâner ce qui sera une très bonne chose pour rester sage en attendant la route correcte, annoncée très bonne! Quinze km parcourus et l'œil du chauffeur est attiré par un objet flottant dans l'angle de vision du rétroviseur...

     La sangle vole au vent. Elle vient de casser. Il était temps, car avec l'arrivée de la bonne route il risquait de ne rien se passer de la journée!

     Le soleil encore frais avec ses trente degrés ne rend pas l'heure de réinstallation bien pénible. Il faut juste imaginer  un nouveau système d'amarrage pour remplacer le défectueux. Finalement la nouvelle solution semble préférable à la précédente. Comme quoi  un problème peut devenir un avantage...même si on s'en passerait volontiers!

     Pour arroser cette réussite (provisoire???) une bonne grosse rivière se charge durant deux heures de laver et le linge et la voiture et le bonhomme.

     La voiture était toute propre d'il y a trois jours! Oui, mais c'était sans compter avec les cinq km de cette effectivement très belle route qui ne sont pas achevés. Alors, pour ne pas déranger les gentils ouvriers, où est envoyé le gentil automobiliste?  Sur une piste, préparée tout exprès à côté avec les matériaux locaux. Cette fois, ils ont du traiter avec un meunier. Je ne vous explique pas l'état des autos. Pour pimenter la chose, une grosse semi remorque en travers est enfoncée aux tiers des roues dans cette farine alors qu'un bulldozer du chantier routier tente de l'en sortir. Ceci oblige les voitures à une petite variante supplémentaire. La sangle tient bon et le véhicule est redevenu plaisant à conduire.

     Tout à coup en quelques dix km, tout change. La steppe a fait place à des zones boisées au milieu d'un important réseau de bras de rivières et de lacs. C'est L'Ural provenant de Russie et qui avant d'aller se jeter dans la mer Caspienne se permet de nombreuses fantaisies autour d'Orale cette dernière ville du Kazakhstan que je viens d'atteindre. De là, par la frontière d'Ozinki la Russie devra à nouveau m'ouvrir ses portes pour atteindre Saratov et Voronez  où je retrouverai la route de l'aller qui somme toute n'était pas si mauvaise.
L'étape de ce soir m'installe sur un grand parking en face du commissariat de police. Les visites ont déjà été nombreuses...je suis bien gardé!

     Pas de crevaison, et un sangle qui semble depuis réparation bien remplir sa fonction; « que demande le peuple? »

Jeudi 12 Aout

     Dernières heures au Kazakhstan.  Quelques mails envoyés par une connexion Wifi bien faible trouvée en milieu de ville. Je m'en contente car j'ai la flemme de me mettre en quette d'un espace internet qui n'existe peut être même pas? Le blog n'est toujours pas accessible alors les photos ce sera encore plus tard. La frontière n'est qu'à cent trente km. La steppe a repris ses droits sur l'espace et j'ai comme l'impression de lui dire un dernier au revoir. Elle me le rend bien en offrant ses couleurs jaune paille brillant à l'infini. Nous sommes en pleines cultures céréalières.

     Le thermomètre semble vouloir battre des records alors je déjeune au milieu des blés, pour profiter de ces derniers moments et ne pas risquer d'arriver en douane le ventre vide car ça peut être long. La frontière  d'Ozinki est là, en plein champs sans autres bâtiments alentours que ceux de l'administration.


     Seul un douanier Kasaque, par curiosité ou par zèle, je ne sais, va absolument tout fouiller. J'ai tout mon temps et il fait son boulot avec une certaine courtoisie, sans arrogance. Heureusement qu'une zone couverte offre l'ombre nécessaire à ne pas cuire. Il est quatorze heure trente et le thermomètre affiche 45 degrés!
Au bout d'une heure seulement, je suis prié d'aller me faire voire chez les Russes...Deux km de route défoncée dans la steppe et nous y sommes. Le camping-car s'est fort bien comporté sur la route depuis ce matin et en guis de récompense, les Russes vont lui offrir deux heures de repos.

     Annonçant comme à chaque fois que je suis Français et ne parle pas Russe, les papiers se remplissent pour la plus-part en mon absence dans les bureaux pendant que j'attends sagement dans l'auto avec l'ordinateur comme distraction et la clim. comme réconfort.

     Un douanier fort aimable et parlant quelques mots d'anglais me prend en main en me faisant garer de côté pour la durée bureaucratique du passage, m'expliquant qu'ensuite il inspecterait la voiture.

     Le moment des curiosités arrivées, je vois apparaître un autre de ces messieurs de la fouille. Petit sourire en coin pour me donner brutalement l'ordre de vider cabine et cellule les désignant d'un doigt autoritaire..
Je n'accepte pas la manière et me promet intérieurement une bonne séance récréative à ses dépends. Je me sais irréprochable et dans mon bon droit. J'ouvre la portière chauffeur et lui fait signe d'assouvir lui même ses fantasmes. Il réitère son ordre en me faisant comprendre clairement et avec morve que c'est à moi de tout vider.

     Je lui lance tout de go un « NIET » retentissant qui commence à amuser les rares collègues de la route en attente du moment ou je leur libèrerai le passage.

     Finalement me vient l'idée bien plus rigolote, puisque j'ai tout mon temps, de bloquer la douane. Expliquant donc à mon malotru de douanier que j'ai mal au dos, je met en place avec une lenteur extrême ma ceinture lombaire. Puis après avoir pris le temps de bien ranger tous mes papiers de police actuellement signés , vient le moment de saisir des premiers objets  non fragiles tels le bleu de travail et la toile cirée servant de tapis de sol,  que je les jette sur le trottoir de la douane, avec beaucoup de calme.  Puis jouant mon rôle je sorts la première caisse avec un grand mal apparent, la pose doucement et m'en vais m'assoir et boire un coup dans la cellule. Après un quart d'heure de ce manège, j'ai sorti les trois premières caisses! Un douanier des narcotiques chien en laisse et souriant discrètement de mon manège attend sans doute de faire renifler mes conserves à son toutou. J'interromps donc mon vidage de cabine pour l'inviter à commencer son bouleau dans la cellule. Ce que voyant, mon cerbère se précipite lui même dans cette cellule. Je l'y suit.
D'un grand geste il réitère son ordre de tout vider balayant d'un doigt rageur l'espace du dessous de table ou trône la roue de secours. Je le regarde droit dans les yeux et sur un ton qui n'admet pas la réplique lui lance à forte voix deux « NIET » retentissants. D'un geste brutal, je sort le coussin recouvrant le coffre dinette, le lance sur la couchette, ouvre le dit coffre et donne l'ordre à mon bonhomme de fouiller à sa guise. Et lui désignant d'un doigt  impératif toutes les portes de la cellule l'invite à en faire autant de partout. Le calme semble revenu sur son visage. A son tour il me réplique un  « niet » tout calme en m'invitant à le suivre hors du CC. Il a du trouver un moyen pour ne pas perdre la face, car il y a des spectateurs dont mon premiers douanier d'accueil qui semble offusqué de l'attitude de son collègue.

     Je dois maintenant conduire la voiture devant un grand bâtiment en arrière de la douane. Comme il me faut garder la main, Je fais déplacer mon bonhomme à pied et en ma compagnie pour répéter le chemin que je dois suivre.

     Avant toute chose il faut jouer la montre et remettre en place les trois caisses si difficilement sorties . Cinq voitures attendent maintenant la fin du manège mais ne semblent pas se plaindre du spectacle.  Invité à tout laisser sur place pour dégager la douane je fais comprendre à mon douanier qu'il a intérêt à surveiller mes affaires et ce disant, je cherche mon appareil photo et prend ostensiblement deux clichés bien cadrés de mes trois malheureuses caisses.

     Je pense que mon bonhomme est mur et n'aspire plus qu'à me voire disparaître. La baraque ou j'ai été prié de me rendre n'est rien d'autre qu'une installation de contrôle de véhicule par rayons. Il y a la clim dans la salle d'attente. J'y suis très bien par ces fortes chaleurs.

     Retour maintenant d'où je viens pour remettre à « malotru » les papiers de la « fouille rayons ».
Il est accompagné de mon guide de la première heure, qui me tend la main pour me souhaiter la bien venue et bonne suite de voyage. J'en profite pour lui faire comprendre tout le bien que je pense de l'attitude de son collègue que je désigne avec dédain. Je me suis bien amusé et le passage total en douane n'a finalement duré que deux heures chez les Russes.

     La steppe est en train de muter. De légers vallonnement ont fait leur apparition et quelques bosquets d'arbres prennent de plus en plus d'importance. La petite route qui m'amène une centaine de km plus loin au gros bourg de Erchove est bonne hormis de rares passages et le camping-car comme moi-même en sommes bienheureux.

     Traversée de la rue principale dès fois que l'esprit Wifi y plane. Rien, sauf un bon petit parking en sortie d'agglomération devant une grande piscine. Un petit bain aurait été le bien venu, si le système administratif avait pu prévoir de délivrer un ticket pour un  occasionnel! Finalement, une fontaine tout près permettant aisément de refaire les pleins demain matin, une bonne grosse douche est décidée pour compenser.

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