VOYAGE MONGOLIE 2010

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lundi 8 novembre 2010

05- SEUL EN MONGOLIE

Vendredi 25 juin


     J'aime cette impression de solitude, seul au beau milieu de cette grande Mongolie (trois fois la France).


     C'est grisant et m'incite à la farniente. Petite grasse matinée jusqu'à presque huit heures. C'est avec lenteur que je me prépare a quitter mes hôtes qui du reste ne sont pas encore levés.

    Au moment du « baïr-ta » (au revoir), Saraa se souvient de n'être pas passé à la banque pour récupérer une somme qu'elle m'a demandé de lui avancer hier. Aujourd'hui son banquier étant en congé, il me faudrait attendre demain...la somme n'est pas bien importante pour moi, mais j'en fais une question de principe surtout que Saraa s'est lancée en tant qu'agence indépendante pour l'encadrement de touristes anglophones! Alors, quoi faire?

    Prendre quand même la piste en direction de Ulaanbaator pour y récupérer Robert dans trois ou quatre jours, hypothèse qui me paraît improbable vu son état des deux derniers jours. Céder à la tentation d'aller faire un petit tour jusqu'au lac Khovs-Gol? Il se situe à cent km au nord de Mörön et les topos-guide le citent comme l'un des joyaux de la Mongolie...

    Si Robert est rapatrié il sera dure de se dire que l'on a raté ça à cent km du but après en avoir parcouru prés de dix mille!!! et s'il n'est pas rapatrié, s'il m'attend à Ulaabaatar entre de bonnes mains je présume puisque l'ambassade est impliquée, est ce que ça ne le forcerait pas à une journée de repos supplémentaire?......

Ohhhhhhhhhhhhh! Le vilain. Qu'est ce qu'il n'inventerait pas pour se donner bonne conscience.....

    Donc c'est décidé, je reste pour le lac et demain en rentrant, à la poste de Möröne dont je connais bien les ordinateurs maintenant et d'où téléphoner à l'ambassade sera facile, je prendrai des nouvelles avant de me précipiter ou non sur la capitale (...mais si...vous le savez maintenant...Ulaanbaatar!).


    Pour l'heure, je bivouac au sud du lac qu'il ne me sera pas donné de bien voire car il faudrait pour ce faire parcourir encore une bonne cinquantaine de km sur la côte est ou ouest. La piste étant très mauvaise cela nécessiterait encore plusieurs heures!



« Les mauvaises langues »:...c'est bien fait euh!...il est puni euh!...

    Et bien tant pis pour elles, le coin ou j'essuie en ce moment un bel orage était superbe sous le soleil...

Samedi 26 juin

    Cette nuit, orage et un peu de pluie. M'étant couché de bonne heure, le jour me met debout à cinq heures trente. La redescente du lac s'effectue sur une piste simplement bien humide, ce qui enfin, ne la rend plus poussiéreuse. Ayant choisi de couper un peu ce trajet de presque quatre heures trente, c'est à mi parcours que je déjeune et me rase.

    La première chose faite en arrivant à Möröne, est de consulter mes mail puis de téléphoner à l'ambassade de France pour avoir des nouvelles de Robert. Il se trouve pour l'heure dans un hôtel de Ulaabaatar.

    J'essaye de le joindre, mais en vain. Je confie donc à l'ambassade, le soin de l'informer de mon arrivée, mais pas avant Lundi soir...six cents km a faire sur des pistes dont je ne connais pas encore l'état. Il y aurait d'après Saraa deux cents km de goudronné au total. Si l'état du macadam est bon, cela peut faire gagner presque une journée, mais dans le cas contraire, c'est souvent pire que de la piste! 

    Après cela, blog, resto. puis visite d'au revoir à Saraa qui s'acquitte de sa dette. Échange d'adresses et c'est parti, direction la capitale (...non, non je ne vous le dirai pas deux fois...Les nuls, faut réviser un peu!!). Dix km de goudron puis, la piste, mauvaise comme tout. Impossible de passer la troisième. Si ça continue, Robert va m'attendre un bon moment.


    Le décors, au départ assez banal, change d'un coup en rentrant dans une zone plus montagneuse avec en fond de vallée la Selengemörön, superbe rivière coulant comme dans un oasis d'herbe très verte parsemée de bois de feuillus assez denses, alors que plus haut, on roule dans le caillou et la poussière au pied de montagnes arides, aux roches brunâtres.

    Le temps est voilé depuis ce matin, gênant considérablement la contemplation des lieux. En même temps, il fait chaud. Tout à coup un vent violent soulève la poussière et l'air devient irrespirable. Ainsi mes velléités, pour le bivouac, de me percher sur un gros monticule en plein centre de la vallée tournent court. Je déménage illico et poursuit ma route jusqu'à Ih-Uul, petit village distant de treize km ou j'espère pouvoir m'abriter un peu. En attendant, ce vent qui me pousse, m'enveloppe à chaque ralentissement de toute la poussière du véhicule.

    Après avoir cherché vainement avec l'aide d'une brave dame un petit troquet pour diner, je trouve sous le vent du village, auprès d'un gros bâtiment, de quoi m'abriter (N49°26.555 E101°28.394). Les boules Quies ne seront donc pas nécessaires!


NB: il paraît que certains jouent les indiscrets, utilisant les coordonnées des bivouac pour tenter de nous y observer avec Google! C'est pas gagné, car les photos ne sont pas du jour! Mais vous pouvez toujours nous y imaginer...

    Merci en tout cas à tous ceux qui nous font quelques petits coucous. C'est très sympa.

Dimanche 27 juin

    Départ huit heures trente. Cette nuit il a plu eu peu et ce matin, ça menace. Le vent d'hier après midi a beaucoup perdu de son intensité. Le sable en suspension a disparu, les montagnes sont claires malgré de lourds nuages.

    De suite la piste s'avère très mauvaise et j'avance au pas. A la fin de la première heure, j'en suis à quinze km au compteur!

    A dix heures, se présentent au bord de route deux petites maisons dont l'une est un café. La pluie a cessé de menacer et la piste bien humide au départ est déjà redevenue poussiéreuse. Je n'ai pas encore commencé de boire mon breuvage fort chaud, qu'un camion s'arrête. Les quatre occupants après avoir pris leur collation, commencent à livrer à la patronne quelques bouteilles.

    C'est alors que le routier, intrigué comme beaucoup d'autres, par ce véhicule étrange, me désigne du doigt la roue avant gauche fortement dégonflée. Elle a voici quelques jours déjà été récupérée par les bons soins de la bombe anti-crevaison. Cette fois, comme j'ai la flemme, c'est le gonfleur électrique qui rentre en jeu.


    On verra bien combien de temps ça tient, dés fois que...

    Vingt minutes a rouler, et c'est tout vu...ça ne tiendra pas jusqu'à un hypothétique réparateur, surtout qu'en plus c'est dimanche!

    Le bleu est enfilé, le cric sorti et hop! À onze heures, on se glisse sous l'auto pour extraire la roue de secours. Vous savez comment il faut faire, vous, pour la sortir de son logement? Et bien moi, après cinq minutes d'examen des lieux, je ne sais toujours pas...

    Pas de panique, il y en a deux autres sur le toit! Aussi-tôt dit, aussi-tôt...pas fait! Tout seul pas très rapide, car c'est pas léger ces petites affaires là. Et en plus, pour être sur de prendre son temps afin ne pas se démolir le dos, avec Robert pour l'instant ça suffit, on alterne tours de clé, photos et vidéo.

    Douze heures trente, tout est fini et rangé. Reste a reprendre des forces devant son assiette.

    Treize heures trente, le starter entre en action. La piste de mauvaise alterne médiocre et par trois ou quatre fois très bonne sur plusieurs km.

    Par contre le paysage est magnifique. La région de Bulgan commence. Superbes prairies arrosées par deux belles et grosses rivières, la Selenge


 et l'Orkhon ainsi que nombre de leurs affluents. Beaucoup de forêts couvrent aussi les flancs des montagnes et de très grands et très nombreux troupeaux se meuvent sous l'autorité de bergers à cheval criant et sifflant.


    A dix neuf heures, petit bivouac au bord d'un charmant cours d'eau (N49°17.325 E102°58.48). J'ai, en tout et pour tout, parcouru 133 km aujourd'hui... mais le matériel et le bonhomme doivent tenir le coup et donc être ménagés. J'ai donc pris la décision de prendre mon temps. Robert dont je n'aurai pas de nouvelles avant d'être arrivé à Bulgan (surement demain) devra s'armer de patience s'il m'attend toujours!

Lundi 28 juin

    Le ciel est très gris et quelques gouttes tombent. C'est à huit heures environ que je reprend le volant.
Une petite heure durant, la piste est convenable. Une petite pluie s'est maintenant installée sans rendre pour autant le sol boueux. Heureusement car épisodiquement ça se dégrade sous les roues. Bientôt d'énormes travaux routiers viennent gêner la circulation en défonçant un peu plus les passages longeant cette nouvelle piste. Heureusement que par intermittence il est possible de l'emprunter. Non complètement achevée, mais au combien meilleure elle permet de grignoter quelques km d'un confort relatif. A onze heures alors que quatre vingt dix km sont actuellement derrière moi depuis le bivouac, sans avoir vu grand chose du décors, une dernière rampe d'accès à cette nouvelle route me sort de la partie déplorable ou j'ai été jeté voici vingt bonne minutes. Miracle ou mirage, du macadam! Bulgan n'est plus qu'à vingt seps km, dixit le GPS, et voici que la cinquième qui se reposait depuis bientôt trois semaine, reprend du service. Pour ne rein gâcher, la pluie s'est arrêtée et le soleil fait de timides percées.


    Le premier restaurant qui se présentera en ville sera le bon!...enfin je crois, car voici presque trois quart d'heures que je suis devant l'ordinateur posé sur la table et rien n'est encore arrivé!

    Ça m'a au moins permis de mettre mon journal du matin à jour...

    J'arrête...: le plat vient d'arriver... Bon appétit à vous qui en êtes tout juste au petit déjeuner!
L'après midi va être consacrée à prendre des nouvelles de Robert puis à mettre à jour le blog.

    Sur mon guide de Mongolie, un temple important, Dashchoinkhorlon Khiid, est signalé tout près de Bulgan. Si avec un nom pareil, je le déniche, j'y vais; quatre heures difficiles sur la piste ce matin, je me repose un peu.

    Qui cherche trouve donc finalement, j'y suis à ce fameux temple.



    Un monsieur terminant ses dévotions et me voyant prendre des photos m'invite à pénétrer à l'intérieur ou se trouve sa femme. Un jeune moine y entame une discutions et des prières avec le couple pendant que je suis autorisé à filmer à ma guise moyennant une petite aumône à déposer au pied de bouddha.


    Le vieux temple en reconstruction à un km de là me permet une petite marche de santé. A mon retour deux moines de quinze ans, viennent à ma rencontre avec leur ballon de foot-ball.

     Les présentations faites, je suis sollicité pour une visite du CC. Durant une bonne demie-heure mon Mongole est revu et corrigé ainsi que mon vocabulaire enrichi (par écrit bien sur!).

    L'endroit est très agréable (N48.79667 E103.514350)et je ne me fait pas prier lorsque les deux jeunes me proposent de revenir bivouaquer ici, après que mon blog soit mis à jour à la poste de Bulgan situé à tout juste trois km.

    Comme il fallait s'y attendre, mon retour est guetté par trois autres moinillons en plus des deux premiers. Ça leur vaudra une heure de géographie sur le voyage en cours, cartes de Mongolie et du monde à l'appui, terminée par une séance photos sur l'ordinateur ou ils découvrent leur grande Mongolie.

    Dehors, d'un coup le ciel se colore de deux superbes arcs-en-ciel.. Les moines qui viennent de manipuler un peu l'appareil photo, sortent pour immortaliser la chose.

    Un villageois puis deux puis sept remplacent maintenant les jeunes rentrés au temple. Visite guidée bien sur, puis le camping-car est calé sur ses béquilles en deux temps trois mouvement par deux forts gaillards tout heureux d'avoir donné ce coup de main. Le « bonsoir » mongole, répété avec mes jeunes moines et que je lance a la ronde, provoque encore nombre de sourires!

Mardi 29 juin

     Avant de partir de Bulgan, j'arrive enfin à joindre Robert à son hôtel. Il passe de nouveaux examens ce matin et une décision doit être prise dans la journée. Il avoue être « coucouné » par les gens de l'ambassade et l'hôtel l'a installé dans une suite: « La vie de chateau » (dixit). Je n'ai donc pas d'inquiétude à avoir et je vise une arrivée à Ulaabaator demain si « piste » le veux bien.

     Départ huit heures quarante cinq, déjeuner midi trente, parcouru 53 km! L'après midi, les arbres et prairies vertes ont laissé place au cailloux, sable et herbe rase. Les grand espaces sont réapparus. Alternance de très bonne petite piste tracées en prairies et mauvais passages. Du pilotage et à deux ou trois reprise de la navigation parmi un dédale de pistes parcourant de nombreux petits vallons épars. Avec du beau temps et un décors superbe: Le pied!

     Tout à coup, a la descente d'un col, apparaît en fond de vallée un petit village non présent sur aucune de mes cartes papier, ni même les cartes russes au 500.000 eme chargées sur le GPS. De loin, une ambiance festive avec du monde éparpillé sur toutes les prairies environnantes parmi nombre de voitures stationnées. De même, de gigantesques travaux aux alentours du hameau. Bulldozers et pelleteuses s'activent à charger d'énormes camions benne. Sur trois ou quatre emplacements se dressent comme de très hauts terrils de terre.

     Les collines herbeuses, aux allures de kermesse vue de loin, sont en fait, à y voir de plus près, arpentées en tous sens par des équipes de deux ou trois personnes détecteurs de métaux en main.

     Accostant caméra allumée plusieurs de ces personnes, l'une d'entre elle me présente sur sa main quelque chose qui me semble être une pépite d'or.

     ...pour les amateurs (N48°14.262 E104°18.788)...

     Au bivouac ce soir (N48°09.16 E105°04.969), le compteur journalier affiche 191 km pour 9 heures de volant.

     Robert me verra t-il apparaître demain midi? Rien de moins sur!

Mercredi 30

Quatorze heures, Ulaanbaatar est là. La barrière de péage d'entrée dans la ville est franchie. En effet l'accès de presque chaque ville importante de Mongolie s'effectue en s'acquittant d'un droit d'entré modique (environ 50centimes d'euros). Il est arrivé de devoir également s'acquitter d'un droit de sortie...!

La circulation n'est pas quelque chose de banal. On double par tous les côtés, et de préférence par la droite surtout si le bas côté est en terre battu. Sans doute est ce un appel inconscient de la piste! Même les bus de ville s'en mêlent.Inutile de décrire ce qui se passe lorsque tout le monde doit rentrer dans le rang à l'arrivée d'un premier passage à niveau!

Le macadam existe en Mongolie. Je l'ai retrouvé environ cent km avant la ville en même temps que je doublais un cycliste solitaire bien chargé. Mais mon Anglais approximatif ne m'a pas permis de bien comprendre et la nationalité et le parcours.

     Prudemment calé sur ma file, je prend patience et parcours les 13 km me menant à l'ambassade en un peu moins d'une heure et demi..Les coordonnées exacte de Robert me sont remises et nous nous retrouvons à seize heures.

Il me fait alors le récit de son arrivée à Ulaabaatar, attendu a l'aéroport par un autochtone non Francophone qui sans consigne aucune ne sait pas ou transporter son passager. La seule alternative est l'ambassade, mais à dix heures du soir...ne désirant pas jouer les SDF, Robert y va de sa chansonnette ce qui déclenche un peu la paniques chez les fonctionnaires de garde jusque là impassibles. Ça bouge et une personne de l'ambassade arrive, prend les choses en main et notre Robert se retrouve enfin dans un hôtel à minuit. Heureusement qu'il n'était pas mourant! Bravo l'assistance (mutuelle assistance) qui ne s'était pas donné la peine de contrôler si leur correspondant de Moscou s'était acquitté de sa tâche! A l'ambassade, nul n'avait été mis au courant. Mais ils ont de suite été très efficaces et dévoués au point que notre ressortissant Français avoue avoir été bichonné.

Sur le plan médicale, la neurologue vue dernièrement, déconseille vivement un retour en voiture comme Robert le souhaite, ce qui se conçoit. Mon avis ayant été demandé, sans concertation aucune j'avais été dans ce sens là. Ainsi, la mort dans l'âme et au bord des larmes, Robert prend la sage décision de ne pas risquer de compromettre son avenir par un mois et demi de route de trop! Deux heures plus tard, l'assistance a retenu les billets, Ulaabaatar / Moscou puis Moscou / Paris. Décollage demain matin sept heures trente.

Gérard continue donc seul une partie du périple prévu, chargé de ramené sain et sauf à la maison celui qui nous a si gaillardement mené sur ces presque mille cinq cent km de pistes, d'ouest en est de la Mongolie.

Bonne douche à l'hôtel, Chemise, pantalon (pas de cravate...) et un bon menu mis en bouche par deux whisky-orange pour arroser les retrouvailles même si cet excellent breuvage n'apaise pas dans la bouche de Robert l'amertume de l'inachevé.


On se quitte, l'un pour sa chambre en attendant son taxi, l'autre pour le camping-car devenu sien pour le temps du retour. Le vehicule est garé dans la cour de l'hôtel, en attendant d'aller demain lui faire faire une visite d'entretien et aussi réparer la roue avant gauche, celle déjà changée il y a quelques jours et qui a encore eu la bonne idée de se dégonfler ce matin...

Jeudi 1 juillet


    Aujourd'hui, ce sont les remises en forme du matériel et du bonhomme. J'espère que Robert ne s'est pas encore retrouvé face à une saga avec son transport pour l'aéroport. Un taxi a été commandé pour cinq heures.... la suite nous la connaitrons après notre premier contact par mail, certainement demain.


          Pour l'heure, c'est le véhicule qui commence la série par une séance d'entretiens avec changement des filtres, nettoyage radiateur et filtre à air, vidange et réparation de la roue récalcitrante qui nécessite un regonflage régulier sans que j'arrive a détecter le moindre fuite avec de l'eau savonneuse.


          Finalement, au garage ou j'ai été aiguillé, « Service Doctor », et qui est un très gros centre d'entretien ou douze véhicules sont traités simultanément, je me laisse tenter par l'énorme stock de pneus présent et fais changer pour cent dix € l'unité, les deux pneus avant présents depuis le départ de France et qui donnent de sérieux signes d'usure. Tout le nécessaire, filtres et huiles étant déjà en notre possession, avec trois heures de main d'œuvre il en coutera 382.000 Togrok, soit 231 €, disons le prix des pneus.


















      Je dois rajouter, qu'un charmante Hôtesse Anglophone s'est parfaitement occupé de m'aider tout au long de l'opération ( ...non non...les mauvaises langues, encore vous! ... ce fut en tout bien tout honneur!) et que deux postes internet étaient à disposition des clients dans le salon d'attente contenant également deux chaines de télévision et un bar café avec quelques petites gâteries. Qui croit que nous sommes perdus seuls au bout du monde?... il y aurait parfois des leçons à prendre!

    Après cela le camping-car a droit à une bonne douche et je pars à la recherche d'un parking gardé en ville. Il m'était signalé par un ami Français connaissant les lieux, mais personne sur place ne semblait le connaître. Hors, voici qu'une brave dame me propose en Anglais, son aide, et m'accompagne à pied pour me traiter un tarif de parking gardé dans la cour d'un hôtel tout proche.

    Iuna, c'est son nom, est professeur d'anglais à l'université (la pauvre...elle va souffrir avec moi!). Je saute sur l'occasion pour lui glisser que nous sommes collègues


et lui demande tout de go si dans ses relations il n'y aurait pas une Francophone / Russophone. Quel indiscret! « De quoi j'me mèle »? et bien attendez un peu, vous allez comprendre...

    Suite à un avis pertinent trouvé en commentaire sur ce blog (ça sert les lecteurs attentifs...merci François), je me suis mis en quette d'avoir en ma possession une déclaration de Robert, et une attestation de rapatriement de son assurance pour pouvoir sans trop de souci me présenter à la frontière Russe au volant d'une voiture dont je ne suis pas le propriétaire. Le petit problème, c'est qu'ils ne comprennent surement pas le Français ces braves fonctionnaires. Il faut donc traduire ces deux documents obtenus en à peine deux heures. Faut dire que pour Robert ce ne fut pas trop difficile, puisque je l'avais sous la main.

    Première idée, donc, l'ambassade de France ( Attention, le Mongole n'est pas le Russe). Mais sous prétexte qu'ils ont déjà perdus beaucoup de temps à s'occuper de Robert, ils m'envoie « sous les roses » , avec beaucoup d'égards (ce sont des diplomates...), car ils sont maintenant submergés par la mise à jour de leur travail et ne peuvent plus continuer à consacrer du temps à cette affaire. Merci la France.

    Et bien, Iuna elle, va contacter une collègue de ses amis qui, professeur de Russe parle également correctement Français.

Vendredi 02 Juillet

    ll est prévu de se retrouver avec mon nouveau guide à Onze heure. Et nous partons faire une visite de la ville à pied. Ceci nous conduira sur la place du parlement,


 très belle et à entrer au muséum. J'avoue qu'arrivé à la dixième salle et avec l'effort de concentration qu'il me faut faire pour tenter de comprendre le dixième des beaux discours d'Iuna, j'en ai « plein les bottes » et la tête. Une bonne bière Mongole à la terrasse d'un café nous fait le plus grand bien.

    De fil en aiguille un de ses amis commerçant dans le prêt à porter nous amène boire une autre bière non loin de son magasin.

    Il est dix huit heures lorsque la maison de la danse et de la musique est devant nous. Nous nous retrouvons ainsi face à un spectacle d'une grosse heure composé uniquement de chants et danses traditionnels Mongol; de toute beauté.



    Sortant de là, la professeur de Russe / francophone, Eguiimee, nous attend chez elle pour la traduction. Comme la chose est un peu plus délicate que prévu, le deuxième document verra son compte réglé seulement demain.

    Diner au restaurant, comme hier au soir avec Iuna. Rendez vous est pris pour demain et je ne me fais pas prier pour rejoindre mon domicile.


Samedi 3 juillet

     A dix heures, je remet à ma très dévouée guide, le deuxième document provenant de l'assurance et non traduit la veille faute de temps. Je l'ai réécrit en un français moins juridique et administratif pour que ma non moins dévouée traductrice arrive à comprendre de quoi il en retourne. Iuna va le lui remettre dés qu'elle pourra la voire.

    De mon côté je me dirige vers l'ambassade de France pour demander une prolongation de visa. La fête nationale du Nadam, haute en couleur avec pour le plus spectaculaire, courses de chevaux, lutte et tir à l'arc aura lieu les 11, 12 et 13 juillet. Toujours bloqué ici, j'espère pouvoir y assister.

    Mon intention de ne pas attendre la frontière pour voir comment ça va se passer avec la voiture en douanne, lundi, en compagnie de Eguiimee, je compte régler ça directement à l'ambassade de Russie.
Pour l'heure, devant les grilles de l'ambassade de France, par interphone interposé, une employée autochtone qui semble avoir bien pris le pli de l'accueil administratif Français me reçoit:
  • Moi: Bonjour, je voudrais savoir comment faire prolonger mon passeport, svp.
  • Elle: Vous savez quel jour nous sommes!
  • J'ai aussi un petit souci avec une voiture...
  • Monsieur nous sommes samedi et nous ne travaillons pas le samedi....(silence)...De toute façon le passeport c'est pas nous, allez voir à l'aéroport.
  • Au revoir madame. Bon week-end!
    A quatorze heures notre traductrice non joignable jusqu'à présent, est découverte dans un petit salon de beauté ou la version s'effectue en ma présence bien sur...ainsi je peux au milieu des odeurs de toutes sortes donner quelques explications à Eguiimee pour la guider dans la compréhension de ce texte complexe pour une étrangère.

    Le temps que Iuna retranscrive tout cela proprement, je saute dans un taxi pour me faire conduire à l'aéroport. Là après être passé entre les mains de quatre personnes différente qui ne comprennent rien à ma demande, une cinquième me désigne enfin, à un ou deux km de là, le bâtiment du service le l'immigration de Mongolie, mais qui ne sera ouvert que Lundi.

    A l'ambassade il eut été trop long de me préciser ces deux détails...au lieu de m'expédier ou je suis!
Il est temps maintenant de me rendre enfin à une connexion internet pour vous joindre. Depuis deux jours je n'en ai toujours pas eu le temps...

Dimanche 4 juillet

    Rendez vous était pris hier avec Iuna pour faire une petite ballade de la journée. A dix heures comme prévu, personne. Je traine jusqu'à onze et fini par me décider à sortir de la ville et me la jouer week-end à la campagne. A douze km de mon départ, un sympathique vallon herbeux baigné par les reste d'une rivière presque à sec ou déjà des familles ont pris position, sera mon point de chute.

    Le coin est agréable mais salle, ce qui est une caractéristique de la Mongolie. Pas un espace qui ne soit jonché de débris de verre provenant de bouteilles de bière ou le plus souvent de vodka et ce même dans les coins les plus reculés sans habitat visible. Les bouteilles plastiques sont elles aussi abandonnées sur leur lieu de consommation. Il n'est pas aisé de se débarrasser des poubelles car elles n'existent guère qu'en ville et ressemblent le plus souvent en volume à des corbeilles à papier. Dans la capitale, des containers en grillage, le plus souvent, font des amas de stockage en divers endroit et ils sont bien pleins. En quatre jours de ville, j'ai croisé un camion poubelle! Heureusement que le pays ne comprend que trois habitants au km carré...A mon sens, cette question si rien n'est fait, va vite devenir un handicap majeur pour le développement du tourisme.

    Après un déjeuner à la maison, c'est sieste obligatoire.

    Ensuite, observant mes voisins tout proche sous ger, je découvre à quelques mètres une source en aval de deux WC communs. Mais comme chacun y viens puiser le breuvage, j'en fais autant.

    ...et oui j'ai bien dit « mes voisins sous ger » et non sous yourte, car jusqu'à présent j'ai commis l'erreur de dénommer cet habitat avec le nom donné par les Russes, du temps de l'union soviétique. Les Mongoles nomades vivent sous « ger »...Personne ne m'en a jamais fait la remarque...ça sert à quoi les commentaires.. .hein? Il faut pas tout prendre pour argent comptant dans ce que vous lisez sur internet! Tout le monde peut se tromper...surtout moi...


    Après la sieste puisqu'il fait bon et qu'il y a de la bonne herbe, plusieurs placards se font virer pour entamer un grand ménage. Croyez moi, ce n'était pas du luxe!!

    Finalement, le coin me plait et je n'ai aucune envie de retourner en ville ce soir: Ici sera le bivouac, dans ma  « ger » à Robert!

Lundi 5 juillet

    Retour de mon bivouac campagnard vers huit heure trente. Je file au service de l'immigration non loin de l'aéroport et fait, non sans mal, une demande d'extension de visa. Non sans mal car le paiement exécuté par le biais d'une banque située heureusement sur place, a du être recommencé trois fois à cause de trois facteurs:

  • le manque d'explications du préposé aux visas
  • le manque de compréhension de « ma pomme »
  • l'humeur exécrable de la préposée au guichet de la banque.

    Ceci m'a valu deux heures de queues, alternativement entre deux guichets alors que les papiers étaient fait en vingt minute.

    Cette prolongation laissera la possibilité à l'administration de faire son œuvre et me permettra aussi de rester
serin sans courir après le temps! De plus, j'aurais ainsi le loisir, j'espère, d'assister au Naadan mais si possible dans une petite agglomération loin des hordes de touristes qui déjà affluent.

    Ulaabaatar commence à me sortir par les yeux et j'ai hâte de reprendre le voyage en toute sérénité.
A ce sujet, il m'a été précisé au service de l'immigration que je pouvais demander jusqu'à un mois de prolongation.

    Il est donc désormais envisageable de prévoir un voyage de deux mois sur place!

    Au moment de remettre, définitivement complet, au service des visas, mon dossier, je réalise que mon passeport ne sera plus en ma possession jusqu'à vendredi. Hors je compte bien rendre une petite visite à l'ambassade Russe pour l'histoire voiture. Sans visa...dur dur dur!

    Le dossier sous le bras prêt a être déposé demain, retour à UB (...bien sur que c'est Ulaabaatar!)
Après déjeuner, petite visite à mes mail.

    J'y trouve une proposition de rendez vous d'Ariuka, correspondante Mongole ayant exprimé dès notre départ pour ce voyage, le souhait de nous rencontrer à UB. Injoignable jusqu'à présent elle nous sait arrivés par le biais du blog. Confirmation pour dix neuf heures.

    En attendant, visite à mes copains de l'ambassade de France.

    Contrairement aux deux fois précédentes (il faut rendre à César ce qui est à César...) je suis fort bien reçu par une conseillère d'ambassade, Française, attentive à ma requette; a savoir comment faire franchir la frontière à un véhicule non conduit par son propriétaire, absent?

    Aucune réponse administrative. Alors nous élaborons un plan officieux:

    On reprend tout à zéro.

    Ce qui a été tenté depuis trois jours, à savoir la traduction par les bonnes volontés que j'ai pu rencontrer, des deux documents imaginés par Robert et moi même, tout ceci n'est pas exploitable...car ne peut être certifié.

    On va donc demander à l'assureur de Robert (Mutuelle Assurance) de faire parvenir à l'ambassade de France de Mongolie par mail et par fax une « attestation de rapatriement de véhicule » avec spécifié, mon nom, comme chauffeur convoyeur.

    Ce document devra être envoyé en Français et en Russe. Ceci ne devait poser aucun problème vu que la mutuelle dispose d'un correspondant à Moscou!

    Ainsi l'ambassade certifiera le texte et sa traduction.

    Suite à quoi, cette charmante conseillère propose de contacter par mail pour les en informer, les ambassades de Russie, du Kazakhstan et d'Ukraine, par ou le véhicule est susceptible de passer.
L'idée de rendre également visite à l'ambassade de Russie avec les documents certifiés, pour être sur que tout est OK avant de repartir, est retenue comme une bonne idée...

    Il est quinze heures et du coup, ma visite chez les Russes risque de ne pas être pour tout de suite. Alors, idée géniale, porter mon dossier à l'immigration puisque plus besoin, dans l'immédiat, du passeport.
Là sera une après midi d'enfer. Très chaud dehors. Le thermomètre extérieur de la voiture se promène entre 37 et 46° régulièrement, avec un passage de cinq minutes entre 50 et 61°!!! Mais avec la clim. On s'en fiche...Par contre la densité de la circulation et la quasi absence de règles et de respect des autres ont relégué le pire des embouteillages urbains de chez nous à une promenade de santé. Enchevêtrement de voitures changeant de file constamment sans clignotant. D'où des situations de blocage inextricables. Coincer le voisin semble un jeu qui se joue sans rancune...Un vrombissement de moteur et c'est un voiture de la file de droite qui profitant des quelques centimètres que vous venez de lui laisser, engage son pare choc dans l'espace pour se lancer à l'asseau de la file sur votre gauche...et tout le monde d'attendre que la manœuvre s'achève en tentant bien sur au passage de la rendre impossible...On se croirait dans une course de stock-car! Ne manquent que les froissement de tôle et on se demande bien par quel miracle! J'arrête là la description car je sens que Robert, devant son écran, est au bord de la syncope. Qu'il se rassure pas de bosses! Mais le chauffeur qui après quatre heures quinze de conduite au lieu des trente à quarante cinq minutes normalement nécessaires; avoue à Ariuka qui est là, à m'attendre au bivouac, n'en plus pouvoir. Un bonne petite soirée en tête à tête au resto suivie d'un retour à la maison en tee-shird sous la pluie, et « bonne nuit les petits »!

Mardi 6 juillet

    Retour ce matin au « marché noir », situé non loin du garage ou s'est effectuée la révision de la voiture. L'ayant parcouru à cette occasion, je m'étais promis d'y revenir tourner quelques séquences vidéo.

    C'est une sorte de gigantesque bazar ou il sera impossible de ne pas trouver l'objet même le plus insolite. Au matin, rien n'y est en place hormis des centaines et des centaines de petits stands souvent délimités par quelques grillages donnant l'impression, lorsque vides, d'une foire à la ferraille ou plus-tôt de cellules non closes attendant leurs prisonniers!

    La plus grande partie de cet espace est semi couvert à l'image de nos anciens marchés. S'ajoute à ça un immense espace fermé dans deux énormes bâtiments aux toits arrondis et bleus ou se trouve plus particulièrement l'alimentation et plusieurs mini restaurants de quelques mètres carré, proposant sur quatre ou cinq petites tables de vous restaurer.

     Alors un va et vient incessant de petites charrettes de toute sorte poussées par hommes, femmes ou enfants, amène sur place les marchandises. Ces « dockers » souvent sales à souhait et vêtus de ce qu'ils ont pu se procurer...ne ménagent pas leur peine et se fraient un passage à l'aide de grand cris et sans ralentir, sans doute payés au voyage!

     Vers dix heures, la foule des acheteurs se presse. Point ou peu de touristes dans ce lieu insolite que d'aucun juge assez peu sur!

     Sur le coup des midi, cinq ou six enfants entre huit et dix ans, sales comme des charbonniers et qui chahutent dans un coin, observent ce touriste caméra en main mais qui n'a pas osé les filmer. Ils m'abordent.
C'est en soulevant leurs tee-shird pour me montrer leurs ventres et par le geste significatif de celui qui porte un aliment à sa bouche, qu'ils me demandent quelque chose a manger. La réponse appropriée ne me vient pas de suite et c'est en continuant de filmer, faisant mine de les ignorer, que je me décide à une démarche qui me parait un peu plus humaine. Le stand de fromage qui était sous mon viseur se vide d'un kilo et je pars à la recherches des enfants entre temps sans doute partis tenter leur chance ailleurs.

     Après avoir tourné plusieurs minutes en vain, décision est prise de les retrouver un autre jour alors que le goût amer de l'égoïsme et de l'indifférence me donne mauvaise conscience même s'il se peut que la requête des petits n'ait été qu'un jeu?















     Ce soir coucher du soleil depuis les hauts de la ville

Mercredi 7 juillet

     Ce matin visite du monastère Gandantegchinlen situé à tout juste deux km au Nord Ouest de mon parking bivouac (N47°54.69 E106°54.364).



     C'est l'un des monastères les plus importants de Mongolie. Il contient entre autre une statue monumentale de  Bouddha, haute de quelque 26m!

     Le matin, un grand nombre de fidèles défilent dans les très nombreux lieux de culte ou des moines de tous ages débitent des prières sur un ton monocorde. Très impressionnant!















     Après midi consacrée a tenter de régler l'éternel problème du rapatriement de la voiture...

     J'ai fait prolonger mon visa de quinze jours, mais je commence à me demander s'il n'aurait pas fallu un mois!

     Heureusement que dans mon parking, j'ai réussi a capter une connexion WiFi. Plus besoin ainsi de courir les « Connexions Internet », c'est déjà ça!

     Ce soir, avec Ariuka, nous avons bâti un petit plan pour assister aux fêtes du Naadam, les courses de chevaux ayant lieu à l'entrée de la ville dès le 10 juillet, la cérémonie d'ouverture ne s'effectuant que le 11...

Jeudi 8 juillet

     Allers et retour incessants de Mails avec la France pour tenter un jour de faire comprendre à Robert et son assurance la nécessitée de fournir les documents demandés en Russe et en Français. Ce dialogue de sourd a quelque peu émoussé mon moral jusque là au beau fixe. Je suis planté là, dans mon parking,

Parking à droite du "circus" au toit bleu

sans possibilité de trop bouger puisque rivé à l'ordinateur pour les mails. Je viens de gâcher huit jours pour ne rien obtenir. De plus, difficile aujourd'hui d'utiliser l'ordinateur de bord, faute de courant: il pleut...et il est bien connu que eau et électricité ne font pas bon ménage, même au travers des capteurs solaires!

     Riuka n'étant pas disponible ce soir, je parcours un peu la ville à pied à la recherche d'un resto nouveau. Ils ne manquent pas, heureusement.

Vendredi 9 juillet

     Le mauvais temps de ces deux derniers jours m'a privé d'internet « à la maison »pour cause de non recharge des batteries. Courir en ville sous la pluie, pas très réjouissant.

Mon spot internet en ville!

      Je ne rentre qu'à 10 heures, du service de l'immigration près de l'aéroport, ou j'ai récupéré mon passeport avec une prolongation de vissa de quinze jours. Je découvre donc trop tard le mail de Riuka qui comptais hier au soir me donner quelques précisions sur les fêtes du Naadam. Coup de téléphone depuis la poste. Le projet de départ après son travail pour les lieux de course de chevaux est confirmé. Récupéré sur internet, j'ai heureusement le planning détaillé avec lieux des festivités, introuvable en ville. Ma « guide » étant incapable de me renseigner sur l'emplacement exact de ce lieu des courses, sur son conseil, je pars au « stadium » pour tenter d'avoir le renseignement.

     Ce grand stade situé en bordure sud de la ville verra se dérouler les cérémonies d'ouverture ainsi que de nombreuses autres manifestations: compétitions de lutte, sport très prisé en Mongolie, des danses et chants traditionnels, eux aussi extrêmement pratiqués et aimés, des concours d'archers. Plus surprenant, des lancers d'osselets. Posés sur le plat de la main ils sont catapultés d'un coup violent de l'index! Exhibitions acrobatiques sur chevaux au galop, comme tir à l'arc ou décapitation d'objet avec sabre, présentations militaires.

     Au stadium, dehors les installations de stands divers est en plein boum et d'importants services de nettoyage s'affairent à balayer. A l'intérieur la répétition générale de la cérémonie d'ouverture est en cours. Je ne me prive pas d'y assister dans sa presque intégralité, toujours à la recherche de l'objet rare: « ou se déroulent ces fameuses courses de chevaux? »

     Finalement devant la porte d'entrée, un groupe de quatre personnes, bien habillées et arborant un gros badge en pendentif attire mon attention. Abordés, ils confirment être bien membres de l'équipe organisatrice. La réponse à mon interrogation, sera la présence à mes côté dans la voiture, de l'un d'eux proposant carrément de me conduire sur place, à quelques trente kilomètres à l'ouest de UB, pour me faire reconnaitre le lieux des courses de chevaux! Rentrés de ce repérage seulement vers six heures et demi, j'attendrai Riuka jusqu'à huit heures. Pensant à un contre-ordre je consulte mes mails en ville. Rien! Trop tard maintenant pour s'installer avant la nuit. Retour au parking et ce sera un départ de bonne heure demain matin pour éviter le rush des voitures devenu ma hantise dans cette ville.

Samedi 10 juillet

     Le Naadam commence ce matin en extérieur de ville par des courses de chevaux. Une de 23 km avec des chevaux de quatre ans et l'autre de 13 km avec des chevaux de trois ans.


     De peur de me retrouver dans la circulation infernale de cette ville dès que tout le monde est réveillé, c'est à six heures que s'effectue la sortie du parking. La route ne pose aucun problème, bien que déjà circulent des voitures.

     A 8h30, les concurrents de la première épreuve font leur entrée par petits groupes en franchissant le goulet d'étranglement rayé au sol d'un trait blanc qui servira de ligne d'arrivée dans quelques heures. Tous sont des enfants souvent très jeunes. Difficile de savoir exactement car même à 14 ans beaucoup n'en paraissent guère plus de 11 ou 12 et à certains je ne donne guère plus de 7 ou 8 ans.













Une fois tout ce petit monde en lisse, on vois ces presque deux cents cavaliers, sur leur montures au pas, tourner en rond à quelques centaines de mètres de là autour de deux véhicules arrêtés. Ils sont loin des barrières contenant les visiteurs et il est difficile de bien les observer. Cet sorte de rite, dont je n'ai pas l'explication, dure extrêmement longtemps, pas loin de la demie-heure.
Cinq ou six véhicules 4x4 dont un ambulance les rejoignent alors et voici tout ce petit monde, alternant pas et petit trot, en routepour la ligne de départ.


L'attente est bien sure très longue. Les hauts parleurs nous annoncent enfin ce départ donné, après presque 2h ½ d'attente. La plaine des épreuves, vallonnée, ne permettra de discerner les phares allumés des voitures d'escorte qu'après encore un très long moment. Les nouvelles de l'évolution de la course sont régulièrement données à la sono. C'est enfin l'arrivée, sur une monture le plus souvent au grand galop, de tous ces enfants, couverts de terre et trempés de la sueur de leur monture, qui jusqu'au bout poussent leur cheval a un ultime effort. Beaucoup de ces cavaliers montent à cru, ce qui est d'autant plus impressionnant.

     Au milieu de tout ce va et vient de fête, parmi de nombreux villages de gers dont le plus gros avec animations et restaurations se trouve à l'arrivée, hère un gamin d'une douzaine d'année semble t-il.


     Timidement à de nombreuse reprises il tente une caresse à l'une de ces montures, mais aucun de ces jeunes cavaliers concurrents ne le laissent faire. Les larmes ne viennent pas car la vie l'a déjà endurci. Le visage est seulement très triste.

      Dépité sans doute, il repart ramasser les bouteilles plastiques et de verre, qui lui permettront ainsi qu'à son père, de survivre.

     La fête bat son plein, et chacun de déjeuner à une ger restaurant ou de pique niquer sur l'herbe pendant que volent un peu partout dans ce vent Mongolien des cerf-volant.

     Un énorme orage tourne tout autour du secteur de course avant que ne soit donné le départ de la deuxième de celles ci, ou participent vraiment de très jeunes cavaliers. Finalement on évite le pire ne se contentant que d'une petite pluie pas très longue. Le soleil perce déjà à l'arrivée des tous premiers, la tête étant tenue par un « mino » a qui je donne tout juste six ou sept ans.

     A peine franchi la ligne, un membre de la famille, très souvent père ou grand frère,


se saisit des raines de la monture du jeune coureur pour disparaître vers le village de gers.
La foule maintenant se déplace vers les diverses petites animations, dispersées sur les grands espaces alentours, pour continuer l'après midi.

     Les cerfs-volant ont repris leur ballet. Un seul de ceux ci ne veut prendre son envol. Abandonné par son propriétaire, car ne possédant plus qu'un mètre de ficelle, notre petit chiffonnier l'a ramassé.
..
     En fin d'après midi, se débattant avec un gros sac de bouteilles plastique trop plein qu'il ne peut ficeler, il lève timidement le bout du nez pour voire à qui appartiennent ces deux grosses mains qui sont venues à son secours. Un semblant de sourire se dessine sur son visage en même temps que sort de ses lèvres un timide « Baïr-la » (Merci).

     Invité à se rendre jusqu'au camping-car ou quelques bouteilles plastique et de verre attendent une providentielle poubelle, il troque immédiatement ses vieilles tennis déchirées par les nus pieds qui avaient du trouver remplaçant il a quelque jours, mais gardés... « des fois que... ».


     Un petit coup de main pour monter son cerfs-volant tout neuf, encore emballé, et voilà notre travailleur redevenu un enfant comme les autres...

     Mon diner à la table d'une ger sera deux délicieux « hüüchüür », sorte de crêpe fourrée à la viande hachée, présentés comme autant d'énorme raviolis et cuits à la friture. Le troisième, tout exprès emballé va se glisser dans la poche du gamin alors que son objet volant ne quitte plus les nuages.

     Au retour de quelques prises de vues, non loin non loin du stock des gros sacs de bouteilles vides un spectacle étonnant. Le gamin entouré de trois petits cavaliers caresse la tête d'un des chevaux. Aux vues des scènes de la veille et encore du matin, je n'en crois pas mes yeux. L'étonnement est à son comble lorsque je le vois enfourcher avec un peu de mal la monture de l'un d'eux qui vient de mettre pied à terre. Il se lance timidement à faire quelques tours, non loin et s'en tire ma fois très bien. De toute évidence il n'est pas débutant.

     J'arrive trop tard pour immortaliser l'évènement. Déjà descendu, il se tient à l'écart. Les trois autres enfants m'entourent pour être photographiés. Invité à faire parti du tableau, le petit chiffonnier s'éloigne d'avantage le visage à nouveau marqué d'une infinie tristesse.

     Les trois copains partent maintenant, l'un d'eux, un cerf-volant à la main.

Il n'est pas le seul a en avoir un et il faut un certain temps pour que le neurone du papy fasse tilte!
Cerf-volant contre tour de cheval! Les trois jeunes, montures au pas, sont rattrapés et invités à s'arrêter. Ils comprennent très vite aux mimiques de l'ancien, que j'ai acheté ce jouet pour le petit chiffonnier qui lui, n'a pas de cheval: Il faut aller lui rendre son bien. Plusieurs personnes font cercle autour de nous.

La partie semblait gagnée, lorsque ce qui était à redouter se produit; avec de grands sourires non emprunts de moquerie et un sympathique « Baïr-Ta » (au revoir), ils me tournent le dos et s'éloignent toujours au pas...  Auprès de mon protégé retrouvé, je ne saurai comprendre s'il s'agissait d'un troc ou d'un chapardage.

     Vexé et surtout peiné, je pars me confier au blog... Quelques temps plus tard, par la porte ouverte, j'observe un moment les trois petits cavaliers, revenant. Ils viennent rendre le jouet...

Le temps est à nouveau très menaçant, et le jour baisse. Les sacs pleins ont fait place à un amas de sacs vides recouverts d'un trop petit poliane. Il s'en dessine une forme humaine et la tête du père de l'enfant émerge légèrement.

     Une petite tente prise à tout hasard dans le camping-car, va reprendre du service. Aidé par le vendeur de cerfs-volant qui a tout compris depuis l'achat du jouet, le montage est rapide. L'homme est alors invité à déménager et son installation est terminée à l'apparition de son fils. Le petit tient à la main quelques billets, sans doute le fruit de la collecte, nous adresse un léger sourire et se glisse au côté du papa. La fermeture de la nouvelle "petite ger violette" glisse vers le bas.

     Tard le soir, les nuages ont disparus laissant place aux étoiles. Un fraicheur, inhabituelle jusqu'à présent se fait sentir. Peut-être ont ils chaud...

Dimanche 11 juillet

     Une nouvelle course pour des chevaux plus âgés est prévue ce matin. Dès six heures, le village commence de s'animer. La petite tente est encore bien fermée!

     Cette fois, des enfants en selle, me semblent encore plus jeunes qu'hier. C'est tout juste si leurs étriers, pour ceux qui en possèdent, descendent 20 ou 30 centimètres en dessous du niveau de la croupe de leur monture.

     Beaucoup plus de monde à l'arrivée que la veille. On se bouscule pas mal sous les parapluies car le temps ne sait plus trop ce qu'il veut faire. Les petits cavaliers souvent superbes dans leurs habits tout propres du départ, arrivent parfois dans un état de saleté impressionnant. Seuls leurs yeux brillent au milieu d'un visages maculé de terre.


Les restaurants aux toutes petites capacités, souvent une table avec quelques chaises, sont pris d'asseau. Comme toujours, le soleil a percé en fin de course. De toute les gers le tuyau du poël central crache sa fumée par le haut de la toile ouverte tout exprès. Certains l'ont installée dehors, cette cuisinière à bois pour laquelle on a amené la provision de combustible, bien rangée en pile, dehors le long de la toile.

     Rassasié et fatigué par tant d'émotions, la sieste s'est imposée avant le départ de la course des chevaux de 6 ans dont la mise en place comme habituellement s'effectue à compter de 14 heures. L'arrivée n'étant prévu que pour 16h 40, les enfants sont en selle (ou à cru...) tout ce temps. A l'arrivée, si ce n'était leur état de crasse, ils semblent presque tous, prêt à repartir.

     Le serf-volant ne vole pas cette après midi. Pourtant ils sont nombreux dans le vent d'orage. Sans doute as t-il été revendu?

     Mais mon petit chiffonnier paraît avoir pris quelques congés pour l'heure. Je le repère assez vite et l'observe discrètement. Il a délaissé son gros sac pour aller de jeux en jeux. Impossible de s'offrir un tour, mais c'est en touchant furtivement les objets à disposition des joueurs ou mieux, en les ramassant une fois jetés, qu'il a l'illusion de participer. Le basket est un jeux très en vogue en Mongolie. En beaucoup d'endroits, dans le pays, fleurissent des paniers improvisés sur des supports extrêmement variés.
Alors, ici ce serait l'occasion! Mais il faut manger, alors il s'impose ramasseur de quelques balles. Les mains du joueur attendant un nouveau tour seront sa cible...

     Perdu de vue un instant, c'est au tir à l'arc qu'il est retrouvé tout ruisselant de transpiration. Les flèches vont loin et le propriétaire du stand est ravi d'avoir trouvé ce ramasseur volontaire.



     Le petit ne ménage pas sa peine. Il va et vient du pas de tir aux cibles, parfois plus loin. Je suis repéré et au passage un beau sourire éclaire son visage marqué par la fatigue. Aussi s'arrête t-il pour disparaître dans la tente jaune de son employeur, montée au fond du champ de tir. Je l'y devine mangeant et buvant....le mystère de la survie lève un pan de son voile!


     Partout des chevaux fendent la foule. De jeunes cavaliers souvent en croupe à deux sur la même monture improvisent des jeux. On ne se lasse pas du spectacle.


     La tente violette n'est plus là. Petit tour d'horizon pour retrouver le père de l'enfant. Sans age, plus-tôt proche de la quarantaine, marchant déjà avec difficultés, déménagé par la police, il transporte son logis sur un autre emplacement. Ce sera l'occasion d'une initiation au montage.

     Demain sera la course la plus importante de toute. Des chevaux de la race « Soyolon » agés de 5 ans.
Les parking voitures finissent de se remplir. Des tentes de toutes formes se montent tandis que les "sans abris" s'organisent dans les voitures ou sous des toiles au sol. Il fait déjà nuit et suis déjà couché que tout contre mon Camping-car (excuse moi Robert, c'est très provisoire...) un très grand combi neuf places au moins, s'installe.. La musique locale diffusée, au demeurant agréable à mes oreilles est ponctuée d'éclats de voix de plus en plus élevés et fréquents. Les pleurs d'un jeune enfant viennent y ajouter une nouvelle couleur.
J'hésite entre les boules "Quies" et faire le voyeur depuis la petite fenêtre de la capucine. La deuxième solution étant adoptée à l'unanimité, je m'installe.

     Huit personnes s'entassent dans ce véhicule, dont trois enfants. Le plus jeune qui pleurait et vient de sortir de la position allongée, n'a guère plus de cinq ans. Il grignote maintenant du saucisson..
Un femme en coupe des tranches qui circulent de place en place. La bouteille de vodka très entamée fait de même. Les quatre hommes subissent déjà les effets de l'alcool et l'un d'eux fume sans discontinuer.
Ne surtout pas se montrer dans ces instants, car il vous en couterait une bonne « cuite ». Le Mongol a un sens de l'accueil très fort et il faut, au moins, gouter la nourriture offerte. Boire de l'alcool est en plus un acte social . Ça ne serait se refuser et la bouteille ouverte doit être vidée.

     Ils semble qu'un peu partout, on vive des scènes semblables. La nuit promet d'être courte.
Le vent est violent et la pluie lui succède.

Lundi 12 juillet

     La course annoncée pour sept heures, a mis tout le monde sur le pied de guerre très tôt. Mes quatre voisins homme, assis dehors à l'arrière de leur voiture sont dans un état éthylique très avancé. Ils déjeunent à la vodka! Les enfants font leur nuit.

     Le vent souffle fort, la pluie tombe parfois faiblement, les petits et les bêtes vont souffrir!

     La foule est impressionnante. Pensant pouvoir en tirer quelques photos, je marche un bon kilomètre, loin de l'arrivée. Vingt minute avant que n'apparaissent les premiers concurents, on s'y bousculait aussi! Impossible de faire le moindre cliché.

     Les forces de polices renforcées de militaires sont alignés le long de câbles tendus pour contenir la foule. Espacés de cinq mètres tout au plus et en retrait de deux mètres environ, le champ de vision, pour l'observateur, est des plus réduit! Chacun joue des coudes et le dernier arrivé ne met pas longtemps à vous expulser si vous n'adoptez ses méthodes.

     L'attitude du Mongole en ces instants devient vite insupportable pour nous autres européens. A l'instar de la circulation routière, il ne semble pas y avoir le moindre comportement qui serait qualifié chez nous de savoir vivre élémentaire ou que d'aucun appellerait politesse. On crache beaucoup, on parle très fort et ne prête aucune attention à la présence ou non de l'autre. Sans gène est le qualificatif qui nous vient de suite à l'esprit. N'attendez pas votre tour à un guichet, on vous y doublera n'hésitant pas si vous êtes enfin arrivé à vos fins, à s'imposer par au dessus de votre dos. Faire de même est la seule alternative et chose étonnante personne ne semble vous en tenir rigueur!

     C'est une facette insoupçonnable lorsque l'on a vécu l'accueil et la prévenance de ces gens là en d'autres occasions. Ils recherchent le contact et aiment à vous connaître. Votre intérêt pour eux les touche tout autant que vous êtes impressionné par leur curiosité à votre égard.

     Finalement le beau temps est de la partie. Mes protégés sont en train de déménager une nouvelle fois, encore expulsés par les forces de police. Le petit étant présent avec un copain qu'il semble s'être fait, la tente sera pliée et remontée en guise d'initiation.

Deux enfants font leurs achats... On vit sur le cheval!

     L'heure de la sieste est la bien-venue. Six sardines manquantes sont confectionnées à partir de gros fils de fer récupéré à terre. Je les leur donnerai ce soir en leur préparant un gros plat de pâtes.

     Après deux heures de sommeil récupérateurs, la foule a disparue ne laissant sur place que ceux qui remballent leurs étalages et les habitants des gers.

     La petite tente violette a disparue... Maudite sieste... Pourvu qu'elle les aide encore longtemps.
L'idée de retrouver mon parking citadin à le goût amer de certaines rentrées scolaires.

     Je prendrai un dernier repas parmi ces gens, sur l'une de leur table et resterai près d'eux pour la nuit.

Mardi 13 juillet

     Le retour routier a été facile. Personne en ville ou presque, en fait, presque personne ne travail ce lendemain de Naadam. C'est peut-être préférable...

     J'attendrai ce soir pour rentrer au parking du « Circus ». Portable à la main, je prend des nouvelles via les mails. Robert prévient qu'il a envoyé par fax, le pouvoir de con-voyage de son véhicule, à mon nom et traduit en Russe. L'attachée qui me reçoit à l'ambassade de France ne fait aucune difficulté à certifier l'authenticité des documents. Ils sont timbrés fiscalement et signés de la main du consul en dix minutes. Enfin détendu, je me prépare tout de même pour la deuxième mi-temps: l'ambassade de Russie!
Très bien reçu par un préposé au service des visas à qui j'explique la situation, tout lui semble parfait.
Désireux tout de même d'avoir plus qu'une déclaration verbale, je demande tampon et signature. Pas de problème, notre fonctionnaire me mène à une collègue du dernier étage certainement en charge d'affaires plus importante que les visas.

     Là, le ton change: nous sommes à ce que j'imaginais être l'union Soviétique. Droite dans ses baskets, bien en chaire, le faciès immuable, ne s'adressant qu'a son collègue des visas resté pour assurer la traduction, madame ignore l'Anglais, pas un regard vers moi, j'ai le sentiment d'être de trop dans ce bureau.
Madame veut un original manuscrit et bien sur, avec traduction certifiée conforme...en courrier urgent d'après elle 48 heures tout au plus...Il y en a un, là dans mes papiers, écrit par Robert avant son envol d'Ulaanbaatar. « Niet... » Les documents signés et timbrés de l'ambassade de France, « niet... »; ce sont des fax!

     Au revoir Madame! Elle esquisse ce qui doit être un sourire et j'envoie un mail de plus à Robert...
On reprend tout à zéro... ou... on tente sa chance?
« That is the question... »

     Douze heures. Sur la place du parlement, à deux pas des ambassades, se déroule une présentation sous forme de défilé, des divers costumes régionaux. Très belles tenues, mais comme toujours bousculades et police. Quelques images ont tout de même franchi l'objectif car maintenant, pour l'occasion, je me fais un peu Mongole!!

     Je range soigneusement les papiers timbrés par l'ambassade et m'aperçois de... vous savez quoi?
Et bien Robert, sur son attestation, a mal orthographié mon nom!!!
...au pays du cheval, je suis inscrit pour la course à handicap.................

Mercredi 14 juillet

     Il a plu des cordes toute la nuit. Le parking est inondé dans sa presque totalité sous plusieurs centimètres d'eau. Le gardien des lieux fait de gros efforts pour permettre à certain chauffeurs d'atteindre leur volant sans bain de pied.

     Un couple de Français en camping-car sont garés dans ce même lieu depuis bien avant moi. Sans doute en circuit 4x4 avec un agence, je les entrevois pour la première fois ce matin. Petite visite de courtoisie. Ils poursuivent par le Kazakstan, Kyrgystan, Tajikistan et Uzbekistan: notre projet initial.

     Visite à l'ambassade de France. La conseillère s'est excusée par mail d'avoir omis de me rendre la monnaie de mon payement des timbres d'hier. Fermée! Et pour cause: sur ma montre est bien écrit 14 juillet...

      Visite chez les Russes. Je n'ai pas pensé hier à présenter à « madame » la traduction Russe que je tiens depuis le début grâce à mes premiers contacts. Fermée aussi! Pour cause de ...je ne sais pas quoi!

     Du coup, organisation d'une petite excursion vers le sud est de la capitale pour retrouver un peu d'espace. La nuit est tombée près du petit village d'Arhust (N47°31.966 E107°57.255) dans la réserve naturelle nommée Nagalhan.

 Bonne nuit à vous qui êtes en milieu de journée

Jeudi 15 juillet

     Dans la nuit, un orage d'une violence comme j'en ai rarement rencontré a secoué le CC dans tous les sens. Durant une petite dizaine de minutes, au plus fort de l'intempérie, alors que tous volets fermés, l'intérieur est sans cesse embrasé de lumière blanche, j'ai attendu le moment ou la couchette allait se retrouver en position verticale!

     Réveil après ces émotions; il fait beau avec une superbe petite barrière de nuages blanc accentuant le dessin des reliefs alentours. Lumière superbe. Quel contraste d'avec la nuit, malgré un vent encore assez fort. La petite boucle continue. La piste contrairement à toute attente est bonne. Le sol constitué de terre mélangée à du sable très gros grains a absorbé le déluge à l'exception de quelques grosses flaques souvent contournables par la prairie voisine. Pas de poussière, presque plus confortable que les 90 km de bitume parcourus la veille. Le coin est magnifique.


     Arrêt non loin d'une petite exploitation minière, près d'un petit ruisseau ou deux ouvriers font leur lessive. Petit bavardage et plein d'eau avant de repartir pour rejoindre une route goudronnée filant plein "est" en direction de Ondörhaan et Baruun-Urt secteur de la région natale de « Ginggis Khaan » précisément célébré par la fête du Naadan.


     Retournant sur Ulaanbaatar (il faut à nouveau retrouver Internet pour suivre le cours des opérations administratives...) alors que la route traverse la province de Erdene, je me trouve à passer à côté d'un impressionant site en construction. Au sommet d'un gros monticule de terre est bâti un grand bâtiment circulaire sur lequel s'érige une gigantesque statue en acier de 40 mètres de haut.

      C'est le fameux « Ginggis Khaan » sur son cheval, Proscrite par les Soviets dans les années 1960, sa mémoire s'est transformée en un véritable culte à partir de 1990. A Ulaanbaatar, un mémorial à sa gloire est inauguré en 2006 à l'occasion du 800° anniversaire de l'état Mongol. Ainsi l'image de cet homme est maintenant revenue au cœur le l'identité Mongole. Ariuka m'avait parlé de ce lieu.

     La pluie reprend du service et au parking, sur internet j'apprends de Robert qu'il a fait le nécessaire exigé par l'ambassade Russe pour assurer le passage de frontière. Donc j'attendrai maintenant l'arrivé du courrier expédié en urgence et qui doit contenir une lettre manuscrite dont la traduction Russe doit être certifiée. C'est l'ultime étape du feuilleton qui devrait me procurer les clefs de la Russie....

     18 heures, mail de l'ambassade: Nous venons de recevoir quelque chose pour vous!
Déjà?...mais non, ça ne peut être la lettre de Robert ça aurait été presque plus vite que l'avion! J'irai demain matin quant il fera jour...

     En attendant, au petit théâtre voisin, re-spectacle déjà vu il y a huit jours; mais, j'avais aimé. Mes voisins Français m'y rejoignent et nous finissons par une petite vodka à la maison. Ils reprennent la route après demain, leur visa arrivant à expiration. Des gens charmants et nous partageons une vision très semblable du voyage. Je respecterai leur indépendance, tant propice aux rencontres pour de vrais voyageurs et ne leur proposerai donc pas un bout de route ensemble!

Vendredi 16 juillet

     Coucou l'ambassade! Remise du fameux courrier. Un fax !!!...identique à celui déjà refusé par les Russes!! Poubelle...on s'en passera.

     C'est décidé, je reprend doucement la route demain direction le nord. Je vous ferai connaître l'adresse du  «goulag » pour les oranges! En attendant, direction le « marcher noir » pour l'achat d'un très grand sac au cas ou le véhicule me quitterait!

     Dix neuf heures, Ariuka m'attend près de la voiture et nous allons passer la soirée ensemble autour d'une excellente pizza. Les épopées vécues lors du Naadam lui plaisent beaucoup et le petit chiffonnier va je crois, rester longtemps gravé dans nos mémoires.

Samedi 17 juillet

     Çà y est, décision est prise, c'est parti. François, toujours de bon conseils a devancé mes intentions en commentaire sur le blog. Avant les premiers tours de roues vers le nord, faire quelques courses pour tenir un éventuel siège en zone franche. Pourquoi pas, avoir aussi sous la main, quelques ultimes arguments « administratifs »: une petite provision de bouteilles de vodka...et...« Alea jacta est »

     Mes voisins Français dont le visa expire demain, prennent la route bien avant moi, pour franchir la frontière avant aujourd'hui six heures, heure de fermeture. Nous nous souhaitons mutuellement bonne chance et bon voyage. Me voici ne dépendant plus que de deux papiers timbrés et de trois bouteilles! Il fait beau toute la journée et finalement j'abandonne l'idée de gagner la frontière par le chemin des écoliers. J'ai envie de tourner rapidement la page de cet épisode usant. 

     La route est bonne et le décors assez plaisant. Cependant, percé par le bitume, il m'apparait aujourd'hui plus quelconque. Les arbres ont retrouvé droit de cité dans le dernier tiers du parcours que j'interromps à Sühbaatar, à quelques vingt km de la Sibérie. Trois cent soixante km entrecoupés d'une bonne sieste ont été parcourus tranquillement et sans effort. Mais, après ce que l'on a connu, c'est vraiment monotone...













     Le parking de l'hôpital sera le bivouac.

     Énorme bâtiment blanc aux multiples toitures, relevées aux quatre angle comme autant de petits temples. Le gardien des lieux, heureux de visiter « l'engin » , partagera une modeste dose de vodka!

Nous partageons le parking à deux...

     A vingt km de l'heure de vérité, je vous quitte et vous souhaite bonne après midi avant d'aller fermer les yeux.
Dimanche 18 juillet

     Se préparer tranquillement, m'incite à me lever vers cinq heures quarante cinq, alors que tous les chiens du quartier sont en train de se raconter des histoires...peut-être la mienne? Et que ça ne ressemble pas vraiment à une berceuse.

     Dvam-Muchur, notre gardien des lieux a vu les volets ouverts et commence à s'avancer. Tout en finissant de briquer le pare-brise et les rétroviseurs, je lui demande si je peux avoir de l'eau pour fignoler mes pleins. L'hôpital encore fermé m'ouvre grandes ses portes grâce à ses clefs et les réservoirs sont prêts pour tenir un siège. Nous passons ensuite tous deux aux choses sérieuses: un petit café avec quelques biscuits Mongoles.


     Deuxième phase, liquider l'argent restant au grand magasin du pays, mais il n'ouvrira ses portes qu'à dix heures. En attendant, mon gardien découvre avec intérêt, les diverses cartes routières de l'itinéraire déjà parcouru et à venir.

     Puis ce sera la préparation des tronçons d'itinéraire à faire avaler au GPS pour la tranquillité de conduite des jours à venir. Dix heures sonnent, c'est l'heure des excès et je rempli cave et frigo. Enfin, n'exagérons rien. Mais je suis bon pour tenir un siège éventuel en zone franche.


     Allez, un peu de courage voyons! Clé dans le contact, démarreur et ça roule doucement pour gagner Altanbulag petite agglomération du moment de vérité. Plusieurs petits arrêts, ultime vérification des papiers, nettoyage du petit moucheron qui obstrue le pare-brise, vidage de cassette et eaux usées...Aurait il peur?...non! Un peu d'appréhension il est vrai, mais surtout de la nostalgie à quitter cette Mongolie encore toute mystérieuse et qu'il eut été agréable d'avoir le temps de percer plus à cœur!...et... toutes ces rencontres qui restent derrière soi avec pour plusieurs des contacts promis, mais...mon petit chiffonnier!...

     De toute façon ils doivent aussi manger ces gens là, alors pour faire encore reculer l'échéance,on s'offre un dernier petit restaurant Mongole.

     …..Et bien, les sceptiques, vos oranges, vous pouvez les mangers chez vous, surtout si elles étaient amers! 

     14 h frontière Mongole. Deux heures a attendre je ne sais quoi...personne nul part !! puis tout à coup c'est bon on y va...

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